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6660-Ollomont
La sainte y est toujours honorée et priée avec ferveur.
Sa fête à lieu le 20 juillet, jour anniversaire de sa mort. La fête du village a lieu le dimanche qui suit cette fête.
Marine naquit en Syrie, au temps où Rome était encore maîtresse du monde, la province d⤙Orient était alors gouvernée par le préfet romain Olybrius. Dans le corps des prêtres d’un temple dédié à Diane, officiait Maxime, ami du préfet, qui s’était enrichi scandaleusement en gardant pour lui les offrandes des fidèles.
Marine était la fille de Maxime. Ayant perdu sa mère à sa naissance, elle fut confiée aux mains d’une nourrice dévouée. Cette nourrice qui était chrétienne enseigna à Marine la nouvelle religion. Aux approches de la 14ème année, Marine se consacra au Christ.
Peu après, elle sollicita de son père l’autorisation d’aller vivre dans une communauté chrétienne. Maxime, outré de colère, la chasse de sa demeure. Sa nourrice la rejoignit. Les soldats envoyés à sa recherche sur l’ordre de Maxime ne purent les découvrir. Pendant 30 jours, elles cheminèrent ensemble dans la direction des détroits. Arrivées à Byzance, un nautonier les transporta dans sa barque jusqu’à la rive européenne. La nourrice, qui était vieille et épuisée de fatigue, ne put aller plus loin; elle mourut dans les bras de Marine la suppliant de fuir plus loin encore. Marine fit alors le vœu d’aller vers l’Occident, jusqu’à l’extrême limite de l’empire et d’accomplir chaque jour une œuvre de charité au profit de ses frères.
Elle traversa tous les pays sur lesquels Rome avait imposé son pouvoir, sans s’attarder en aucun lieu. A chaque étape, elle s’ingéniait à se rendre utile à chacun. Après 2 ans de voyage, elle atteignit notre terre d’Ardenne très boisée, rude et sévère, où tout faisait contraste avec la patrie fleurie et riante d’où elle avait fui. Elle tint ce pays pour la borne du monde. En suivant les méandres de la rivière d’Ourthe, Marine parvint un jour à la partie la plus sauvage de la vallée (c.à.d. entre le confluent de 2 Ourthe et Maboge). Là, elle rencontra plantée au bord de l’eau une haute aiguille de schiste ressemblant à un menhir.
Au pied de cette roche, elle remarqua une excavation assez vaste et haute et bien exposée au midi qui s’offrait à elle comme un gîte sûr. Elle connut à ce signe que là devait s’arrêter sa marche d’errante et que là se fixerait pour un temps sa destinée.
Bientôt, elle vit passer près de son refuge des bûcherons et des pêcheurs auxquels elle adressa des paroles bienveillantes. Ils étaient de race sèche et nerveuse et de taille moyenne : c’étaient des Celtes. Ils habitaient d’humbles maisons groupées autour d’une source du sommet du vallon qui aboutissait à son gîte. L’installation de la jeune Marine dans la grotte fut pour ces gens un évènement majeur. Ils virent en elle une fée bienfaisante. Ils lui faisaient conter son enfance et ses tribulations passées. Marine leur parlait de Dieu, du Christ mort pour le rachat des hommes. Elle s’employait à rendre leur existence moins dure, elle leur enseignait certains procédés de travail très efficaces qu’elle tenait du pays de son enfance et leur livrait bien des secrets de culture qu’elle avait surpris au cours de sa vie de nomade.
Bientôt, le hameau et ses entours changèrent d’aspect. La terre devint plus généreuse, le ruisselet fut canalisé et fit tourner la roue d’un moulin. Les travailleurs défrichèrent le coteau et l’essartèrent. Les près furent irrigués, le bétail devint plus abondant. Marguerite savait le nom des plantes qu’il convenait de faire macérer pour guérir ; elle instruisait les femmes à filer, tricoter, à préparer ses aliments plus substantiels. Elle partageait les jeux des enfants et leur contait de belles histoires. Tous l’aimaient et la vénéraient.
Un jour, elle dit aux gens du village qu’il lui faudrait avant peu les quitter et rentrer en son pays. Ils se désolèrent, la supplièrent de rester. Mais les temps étaient résolus. Il advint un matin d’été qu’on ne la vit point paraître aux portes du hameau. Quelques uns, inquiets, descendirent les prés dans l’espoir de la trouver en prière dans sa grotte. Celle-ci était vide. Marguerite s’en était allée à jamais. Elle avait repris le chemin de l’Orient. Rentrée en son pays, elle fut mise en présence d’Olybrius qui voulut en faire sa femme. Avec une ferme douceur, elle s’opposa aux desseins du préfet qui, furieux, résolut de la mettre au supplice. Elle fut frappée de verges, déchirée par les ongles d’esclaves syriaques. Le préfet voulut brûler son corps, mais elle ne souffrit point au contact di feu. Alors, Olybrius, frémissant de rage, la fit décapiter par le bourreau. Sa mort eut lieu le 20 juillet de l’an 5 du règne de l’empereur Aurélien.
Voici maintenant, ce qui se dit au sujet de la Vénérable statue de la sainte.
Il y a très longtemps, un habitant d’Ollomont aurait découvert dans la grotte une grande statue représentant la patronne du lieu. Elle était lourde au point qu’il ne put la soulever. Il alla chercher aide auprès des gens du village. Mais l’étonnante nouvelle s’était répandue. Quand ils arrivèrent à la grotte, ils y trouvèrent des bûcherons du village d’en face (Hubermont) qui avaient placé la statue sur un char et se dirigeaient vers le gué pour la conduire à leur église. Mais les 4 chevaux s’empêtraient dans les cailloux du gué; les hommes avaient beau les frapper du fouet et pousser aux rais ils n’avançaient pas. Le char s’embourbait dans les ornières comme si la statue eut pesé trop lourdement.
Alors, les gens d’Ollomont la chargèrent sur un petit char à foin auquel ils attelèrent 2 bœufs blancs. Sans effort, les boeufs gravirent de pied leste le chemin montant tandis qu’au bas les hommes d’Hubermont demeuraient interdit et consternés. D’elle-même, les bêtes s’arrêtèrent à l’entrée du cimetière devant la petite église d’Ollomont témoignant ainsi que la statue devait figurer désormais sur l’autel.
Voilà la légende de Ste Marguerite, de sa statue telle que les vieux la content dans mon village. Sur le dessus de la grotte dans laquelle s’abritait la sainte, la piété populaire a placé autrefois une statue en plâtre de celle qui, venue d’Orient, apporta à des villageois incultes, primitifs le double bienfait de l’évangélisation et de la civilisation.
(Source texte et images : www.nadrin-le-herou.be).